"Au commencement était la femme"
Installation - 2006
Tissus, fausse-fourrure, console, coussins, globes en verre, pierres.
190X190X230 cm.
"Vénus"
Installation - 2006
Laine, miroir, tapis en fausse-fourrure, moteur.
62X30 cm.
"Origine" - 2009
39 os de seiche, bois, feutrine.
150,4X65,6 cm.
"Mandorles" - 2009
Os de seiche, bois, feutrine.
28X17 cm.
"Mesdames" - 2007
Dessins au crayon de couleur.
32X41 cm.
Pratique artistique
Voyageuse et collectionneuse d’éléments naturels (graine, cocon, nid, crâne animal, coquillage, pierre,…) associés à des images de formes primitives issues de l’art archaïque, je reconstitue, dans l’atelier, un laboratoire de formes inspiré des cabinets de curiosités.
Se pose alors, dans mon travail, comme paradigme, la notion de l’origine, dans son essence.
L’utilisation de la pierre dans des installations est souvent liée à l’eau, selon différents dispositifs : in situ à la mer, aquarium, bassin, génératrice de formes, ainsi la décrit le scientifique Théodor Schwenk. Ces recherches sur l’embryogenèse se sont poursuivies selon un process méthodologique, en distanciation avec une esthétique plastique. L’expérimentation de matériaux dits pauvres (tissu, papier, cire, paraffine, fibre végétale,...) en résonance avec le sujet sur les cycles de développement végétal ou animal évoque la fragilité, l’éphémère, la protection mais aussi leur condition essentielle d’existence. Dans cette condition, réside la question du lieu de naissance ; de la graine à l’utérus, il existe en tant que lieu de nidation, lieu de création ; il est la mémoire du commencement de la vie. La fréquentation des lieux scientifiques : musées des sciences naturelles, bibliothèques, instituts de recherche a disposé la monstration des œuvres, en présentation didactique sous forme de planches des espèces, de vitrines, de boîtes suspendues, de vues en coupe, de stades de croissance
L’idée de cosmogonie confère aux œuvres un caractère universel les reliant au primitif, à l’origine du monde ; elles traduisent ces notions de circulations, de flux, de transformation de l’être vivant. La question du féminin est alors devenue une évidence.
Dans l’installation Vénus, cette vénus primitive, déesse de l’amour, celle qui aime la jouissance, représente la femme universelle. La mollesse de la couverture et sa couleur rose nous renvoie à la chair ; ainsi incarnée, son corps est grossier, faufilé au point que les coutures ressemblent à des cicatrices dévoilant ainsi sa vulnérabilité. Femme parmi les femmes, le miroir révélant son identité, son individualité, sa féminité, elle prend conscience de soi. Le tapis en fausse fourrure nous rappelle sa condition dans une société encore patriarcale ; dans un acte libérateur, elle tourne sur elle-même à s’en étourdir. Elle s’amuse dans Des mots pour le dire, à écrire des messages tendres sur les murs avec des jeux de lettres en bois.
L’érotisme reste un moyen de sublimer cette condition par la transgression des interdits. L’installation Au commencement était la femme nous invite à voir l’intime, où se côtoient deux situations existentielles : l’érotisme et le sacré .L’autel pose l’acte en tant que rituel. La dimension sensuelle est surenchérie par le choix des matières : voile, dentelle, satin, fausse fourrure ; présente aussi dans l’installation Péché de chair, où le corps est réduit à sa plus stricte expression, celle de la chair ; expression de l’abandon, il est morcelé, coupé de son entité humaine et consciente. Dans ce détachement à la fois physique et spirituel, la femme cherche à accéder à l’état d’extase, analogue à l’expérience mystique. Par cet état de ravissement, la sexualité est vécue comme un rite de libération, la déchirure est transcendée par le sexe. Cette mise en danger, appelée la petite mort par Georges Bataille nous rapproche de la mort, expérience vers le sacré qui nous insuffle énergie et vitalité tandis que la vie profane nous permet seulement de vivre dans la limite des règles impliquant une certaine abdication. Notre culture judéo-chrétienne n’a cessé de nier la présence de la béance, peinte ou gravée dans les grottes et de refuser l’image du sexe de la femme, comme dans l’Origine du monde peinte par Courbet ou l’Olympia, par Manet. En effet, l’œuvre Origine, reprend la forme de la mandorle, évocation à la gloire de la Vierge Marie, ceinte de la matrice originelle, symbole de la terre-mère ; suggérant le monde souterrain des cavernes, elle est racontée si poétiquement dans Vendredi et les limbes du pacifique de Michel Tournier. Le symbolisme de la matrice s’est lié universellement à la manifestation, à la fécondité de la nature, voire à la régénération spirituelle.
On revient donc au chaos sensible de Novalis, avec Genèse qui se présente comme une divinité. L’eau coule, source de vie, la graine germe, la cellule se divise, le cerveau se développe, le monde est créé, suivant le principe divin, ceci figuré par l’albâtre et la plaque d’acier poli dont le reflet invoque l’eau, élément transcendant.
Parallèlement, la pratique du dessin, est vécue comme un moment jubilatoire et définit un autre mode de langage plus spontané. La série Mesdames s’expose en sorte de portrait de femmes libres où chacune est unique
La question de l’intime s’énonce à travers cette œuvre poétique qui visualise le corps non pas dans ses données anato-cliniques mais dans son appréhension charnelle, mentale et subjective. La façon de mettre les œuvres en forme procède d’une démarche tout à la fois ravie et naturelle, ludique et perverse. La couture, dans sa référence aux ouvrages féminins et à l’inverse de la taille de pierre perçue comme une activité masculine, se propose comme un acte militant et provocateur en réaction à l’exclusion des femmes du monde institutionnel de l’art. Face aux contraintes morales établies par l’ordre social, les femmes artistes doivent s’autoriser la posture psychique propre à l’acte créateur.
Isabelle Lebeau
Voyageuse et collectionneuse d’éléments naturels (graine, cocon, nid, crâne animal, coquillage, pierre,…) associés à des images de formes primitives issues de l’art archaïque, je reconstitue, dans l’atelier, un laboratoire de formes inspiré des cabinets de curiosités.
Se pose alors, dans mon travail, comme paradigme, la notion de l’origine, dans son essence.
L’utilisation de la pierre dans des installations est souvent liée à l’eau, selon différents dispositifs : in situ à la mer, aquarium, bassin, génératrice de formes, ainsi la décrit le scientifique Théodor Schwenk. Ces recherches sur l’embryogenèse se sont poursuivies selon un process méthodologique, en distanciation avec une esthétique plastique. L’expérimentation de matériaux dits pauvres (tissu, papier, cire, paraffine, fibre végétale,...) en résonance avec le sujet sur les cycles de développement végétal ou animal évoque la fragilité, l’éphémère, la protection mais aussi leur condition essentielle d’existence. Dans cette condition, réside la question du lieu de naissance ; de la graine à l’utérus, il existe en tant que lieu de nidation, lieu de création ; il est la mémoire du commencement de la vie. La fréquentation des lieux scientifiques : musées des sciences naturelles, bibliothèques, instituts de recherche a disposé la monstration des œuvres, en présentation didactique sous forme de planches des espèces, de vitrines, de boîtes suspendues, de vues en coupe, de stades de croissance
L’idée de cosmogonie confère aux œuvres un caractère universel les reliant au primitif, à l’origine du monde ; elles traduisent ces notions de circulations, de flux, de transformation de l’être vivant. La question du féminin est alors devenue une évidence.
Dans l’installation Vénus, cette vénus primitive, déesse de l’amour, celle qui aime la jouissance, représente la femme universelle. La mollesse de la couverture et sa couleur rose nous renvoie à la chair ; ainsi incarnée, son corps est grossier, faufilé au point que les coutures ressemblent à des cicatrices dévoilant ainsi sa vulnérabilité. Femme parmi les femmes, le miroir révélant son identité, son individualité, sa féminité, elle prend conscience de soi. Le tapis en fausse fourrure nous rappelle sa condition dans une société encore patriarcale ; dans un acte libérateur, elle tourne sur elle-même à s’en étourdir. Elle s’amuse dans Des mots pour le dire, à écrire des messages tendres sur les murs avec des jeux de lettres en bois.
L’érotisme reste un moyen de sublimer cette condition par la transgression des interdits. L’installation Au commencement était la femme nous invite à voir l’intime, où se côtoient deux situations existentielles : l’érotisme et le sacré .L’autel pose l’acte en tant que rituel. La dimension sensuelle est surenchérie par le choix des matières : voile, dentelle, satin, fausse fourrure ; présente aussi dans l’installation Péché de chair, où le corps est réduit à sa plus stricte expression, celle de la chair ; expression de l’abandon, il est morcelé, coupé de son entité humaine et consciente. Dans ce détachement à la fois physique et spirituel, la femme cherche à accéder à l’état d’extase, analogue à l’expérience mystique. Par cet état de ravissement, la sexualité est vécue comme un rite de libération, la déchirure est transcendée par le sexe. Cette mise en danger, appelée la petite mort par Georges Bataille nous rapproche de la mort, expérience vers le sacré qui nous insuffle énergie et vitalité tandis que la vie profane nous permet seulement de vivre dans la limite des règles impliquant une certaine abdication. Notre culture judéo-chrétienne n’a cessé de nier la présence de la béance, peinte ou gravée dans les grottes et de refuser l’image du sexe de la femme, comme dans l’Origine du monde peinte par Courbet ou l’Olympia, par Manet. En effet, l’œuvre Origine, reprend la forme de la mandorle, évocation à la gloire de la Vierge Marie, ceinte de la matrice originelle, symbole de la terre-mère ; suggérant le monde souterrain des cavernes, elle est racontée si poétiquement dans Vendredi et les limbes du pacifique de Michel Tournier. Le symbolisme de la matrice s’est lié universellement à la manifestation, à la fécondité de la nature, voire à la régénération spirituelle.
On revient donc au chaos sensible de Novalis, avec Genèse qui se présente comme une divinité. L’eau coule, source de vie, la graine germe, la cellule se divise, le cerveau se développe, le monde est créé, suivant le principe divin, ceci figuré par l’albâtre et la plaque d’acier poli dont le reflet invoque l’eau, élément transcendant.
Parallèlement, la pratique du dessin, est vécue comme un moment jubilatoire et définit un autre mode de langage plus spontané. La série Mesdames s’expose en sorte de portrait de femmes libres où chacune est unique
La question de l’intime s’énonce à travers cette œuvre poétique qui visualise le corps non pas dans ses données anato-cliniques mais dans son appréhension charnelle, mentale et subjective. La façon de mettre les œuvres en forme procède d’une démarche tout à la fois ravie et naturelle, ludique et perverse. La couture, dans sa référence aux ouvrages féminins et à l’inverse de la taille de pierre perçue comme une activité masculine, se propose comme un acte militant et provocateur en réaction à l’exclusion des femmes du monde institutionnel de l’art. Face aux contraintes morales établies par l’ordre social, les femmes artistes doivent s’autoriser la posture psychique propre à l’acte créateur.
Isabelle Lebeau
"Péché de chair" - 2010
Installation.
Dentelle, tissus, ruban, fibre, banquette ronde.
145X125X170 cm.
"Péché de chair" - 2007
Dessin au feutre.
32X41 cm.
"Coeur"
"Veines" - 2008
Dessins au crayon de couleur.
32X41 cm.
"Veines" - 2008
Dessins au crayon de couleur.
32X41 cm.
"Genèse" - en cours de réalisation
Albâtre, sellette en métal et skaï, plaque d'acier.
"Chaos" - 2007
Dessin au crayon de couleur.
32X41 cm.
"Organes" - 2010
Dessin au crayon de couleur.
Biographie
2000 Formation en sémiologie de l’expression avec Arno Stern, IRSE, Paris
1996 Bourse de recherche
Fondation de la Tapisserie, des Arts du Tissu et des Arts Muraux, Tournai, Belgique
1994 Diplômée en sculpture, Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles
1988 à 1991 Stages de taille de marbre près de Carrare, Italie
2010 CRAC, biennale d’art contemporain, Champigny sur Marne
2006 Galerie Au-dessous du volcan, Paris, invitée par le CRISP
2005 Les Ateliers d’art, Saint-Maur
2002 Nature cult’, ACTUART, biennale d’art contemporain, Musée municipal de Saint-Cloud
Salon d’art contemporain, Montrouge
CRAC, biennale d’art contemporain, Champigny sur Marne
Histoires naturelles, salon d’art contemporain, Muséum d’Histoire Naturelle, Paris
1999 La Maison de papier, Musée Ianchelevici, La Louvière, Belgique
1998 Prix Fifty-one club Saint-Lambert,
Musée d’Art moderne et d’Art contemporain, Liège, Belgique
1996 Prix Médiatine, Bruxelles, Belgique
Résidence et exposition, Fondation de la Tapisserie, Tournai, Belgique
1995 Prix Médiatine, Bruxelles, Belgique
Prix artistique de la ville de Tournai, Belgique
Prix jeunes artistes du Conseil de la Communauté Française, Bruxelles, Belgique
Projet de sculpture monumentale, Prix de la Commission Communautaire Française,
Fondation Européenne pour la Sculpture, Bruxelles, Belgique
1994 Installations In situ, forêt de Soignes et mer du Nord, Belgique
Voyages d’étude : Vietnam, Brésil, Thaïlande, Birmanie, Inde, Mexique, Indonésie
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